Semaine de randonnées autour de Bivio (Grisons)

BIVIO du 28 juillet au 2 août 2018

 

La bonne soupe de Bivio

 

Recette originale concoctée en cinq jours par neuf joyeuses dames au pied alerte et au cœur léger, sous la houlette du botaniste gentleman David Aeschimann, tout en crapahutant dans les éboulis.

 

Pour cette préparation, nous utilisons un calice de granit.

A l'étage subalpin, nous récoltons une touffe de nard raide, un bouquet de rameaux de genévrier, trois crottes de tétras lyre et une poignée d'aune vert, que nous faisons revenir doucement sur un fond de basalte de plusieurs millions d'années d'âge.

A l'étage alpin, nous prélevons cinq stolons de linaigrette de Scheuchzer que nous rinçons dans l'eau claire du lac Saragn, puis nous coupons quelques feuilles de laîche courbée (Carex curvula pour les spécialistes) et un bouquet d'edelweiss. Nous hachons finement le tout et le jetons dans la préparation en ébullition.

Pour la liaison, nous choisissons quelques morceaux de gneiss et autant de dolomie que nous diluons dans l'eau de jade du lac de Grevasalvas.

En fin de cuisson, nous ajoutons trois cuillères à soupe d'algues bleues. Pour la touche de couleur, il suffit d'un soupçon de lichen orange, signature des perchoirs d'oiseaux.

Pour le dessert, nous proposons un vacherin glacé de radiolarite garni de pépites de lichen vert, agrémenté d'un coulis de myrtilles et d'un toupet de double crème de chèvre. Sur le bord de l'assiette, nous disposons quelques œillets des glaciers.

 

Le gypaète barbu tournoie dans le ciel, intrigué par ce groupe de dames conduit par David, l'homme au chapeau et aux yeux pleins de fleurs, qu'aucun monsieur du CAS n'a daigné accompagner. David, lui, au détour du chemin nous a présenté nos compatriotes A.-P. de Candolle et H.-B. de Saussure, et même le suédois C. von Linné, avec lesquels nous avons passé des moments délicieux et fort instructifs, ignorant encore qu'au souper le grison A. Moritzi, précurseur de la théorie de l'évolution (développée ensuite par Ch. Darwin) serait à notre table.

 

Ces messieurs, et d'autres encore, se sont discrètement retirés le dernier jour, gardant sous le bras leurs recueils de fleurs… et nous en laissant, comme à David, pleins les yeux.

 

Danièle, Christiane, Denise, Hélène, Kathrin, Marielle, Odile, Sandrine, Simone, et David notre botaniste gentleman.